C’est désormais de notoriété publique, le réchauffement climatique est en marche et son action à défaut de pouvoir être, à présent, arrêtée peut et doit être a minima contenue et limitée. De ce constat qui n’en est plus vraiment un, attardons-nous maintenant sur le nœud de cet article, l’impact de l’augmentation des températures sur la ville et les solutions existantes pour tenter au moins de réguler ce qui semble devenir un enjeu vital pour la poursuite de la vie urbaine dans son ensemble. Dans les lignes qui vont suivre, nous nous attarderons sur l’art de guérir. Mais avant d’y plonger ensemble, accordons-nous sur un point : il est évident que panser les plaies de la planète sans pour autant en prévenir les causes n’est pas une solution à moyen-long terme voire à court terme. Ceci étant dit, passons à ce qui nous intéresse ici.
##Un réchauffement urbain avancé
En 2020, la moyenne des températures en France se situait 2,3°C au-dessus de celles de la période 1961-1990 selon l’ADEME. D’ici la fin du siècle, les spécialistes du GIEC explorent des scenarios d'augmentations mondiales comprises entre 1,3 et 5,3°C. Météo France, quant à elle, prévoit un doublement des vagues de chaleur en France d’ici 2050. Nous pourrions continuer longtemps l’énumération peu reluisante de statistiques en ce sens mais le problème est déjà connu. Et ces changements de température ont des effets directs, déjà perceptibles, sur les citadins du monde entier. La création des ilots de chaleur en zone urbaine en est un important, incontournable. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cette notion, sachez que cela caractérise l’action des matériaux urbains (en particulier le béton) qui stockent la chaleur le jour pour la restituer dans l’air ambiant la nuit. Cela conduit à des températures nocturnes maximales. Ce problème est infiniment plus important en ville qu’à la campagne puisque directement facteur des matériaux citadins. De manière générale, l’augmentation, pour le moment, incontrôlée des affichages du mercure en ville représentent des risques pour le bien-être de ses habitants et pour les plus fragiles, un risque qui peut même devenir vital en période de fortes chaleurs. Or cette menace concerne près de 4 milliards de personnes dont le quotidien s’effectue en zone urbaine, soit environ la moitié de l’humanité. La France n’y fait pas exception, ni le Sud-Ouest. Une bonne nouvelle cependant, si ces zones concentrent 50% des êtres humains, en termes de superficie, elles ne représentent que 3% de la surface terrestre. Ainsi, aussi audacieuse que soit cette lutte contre la chaleur urbaine, une voie victorieuse est possible, ou plutôt plusieurs mais à court et moyen terme, simplement.
Du vert, du vert et toujours plus de vert !
Si la température de la ville change, sa composition évolue. Ces dernières années se sont multipliées les créations d’espaces verts par les pouvoirs publics, car il a rapidement été prescrit cette solution idéale, mix entre végétalisation et rafraîchissement urbain. En effet, la création de zones ombragées permet de contourner à un point précis le problème de l’ilot de chaleur qui devient sur un périmètre défini un ilot de fraîcheur. Le mieux consiste, à créer des parcs intégrant des points d’eau accélérant ainsi cet effet de rafraîchissement. Moins ambitieux que des parcs, les nouveaux aménagements urbains intègrent presque toujours de grandes allées d’arbres feuillus pour générer un maximum d’ombrage. Si cette solution offre une certaine efficacité en journée, la nuit une grande densité du feuillage peut faire obstacle au rafraîchissement naturel des surfaces minérales. Tout est affaire de dosage et d’expertise. Très en vogue ces dernières années, les toitures et façades végétalisées offrent une solution indirecte au problème en permettant aux logements qui en sont équipés de réduire leur consommation en matière de climatisation et ainsi leur rejet d’émissions polluantes. Une autre solution dont la mise en place est en plein essor consiste à installer des ouvrages paysagers de gestion des eaux de pluie. Concrètement, il s’agit de dispositifs retenant l’eau de pluie, créant ainsi des milieux humides au cœur de l’espace citadin qui favorisent une évaporation bénéfique aux végétaux, ce qui contribue plus ou moins directement au refroidissement urbain. Voici donc une liste non-exhaustive de solutions dites « vertes », c’est-à-dire laissant la nature travailler. Si elles offrent l’avantage d’être rapides, faciles à mettre en place et, parfois, peu coûteuses, ces solutions révèlent une efficacité relative qui dépend de la manière dont le projet a été pensé et du sérieux mis dans son exécution.
Vue de la ville de haut
Les solutions dîtes « grises »
Passons maintenant en revue quelques solutions plus ambitieuses qui concernent la structure de la ville en elle-même, le mobilier urbain ou encore le revêtement des villes directement responsable des ilots de chaleur. Celles-ci sont moins connues, pourtant elles-aussi peuvent faire preuve d’une certaine efficacité. Encore peu utilisée car très compliquée à mettre en oeuvre, l’optimisation de la forme urbaine bio-climatique caractérise, entre autres, une structure de ville capable de favoriser la circulation des vents, d’offrir des échappatoires de chaleur en période nocturne tout en créant des espaces ombragés le jour. Cela passe, en partie, par des emplacements et des formes de bâtiments pensés en amont en prenant en compte la direction des vents mais aussi de l’ombre en fonction du moment de la journée. Si la réalisation de ces aménagements semble possible pour les villes en construction, vous aurez raison de noter que sa mise en place à une zone urbaine déjà existante comporte un lot de contraintes très important. La création de fontaines et de jets d’eau est, quant à elle, une solution exploitée mais dont l’effet reste limité à une échelle très locale. L’arrosage de l’espace urbain offre une réponse manuelle aux ilots de chaleur grâce à la reproduction de l’effet de pluie mais son utilisation se trouvera de plus en plus limitée à mesure que l’or bleue se raréfie. Plus évolués, les revêtements drainants prévoient un ouvrage de récupération des eaux de pluie permettant, dans un premier temps le stockage puis l’injection de ce stock par capillarité à travers ce même revêtement. Ce système permettrait un effet de refroidissement grâce à l’évaporation progressive de cette eau de pluie tout en créant un cercle vertueux. Mais l’ensemble de ces solutions ont un coût que la ville va, d’abord, devoir apprendre à payer que ce soit en termes d’installation et/ou de fonctionnement.
Image d'une femme qui se repose près de l'eau
Les solutions hybrides, exemple à l’appui
L’idéal se situe donc dans un jumelage (pour rester dans le jargon communal) entre l’autonomie de fonctionnement de la nature et l’ingéniosité humaine en matière de mobilier urbain. Ces solutions miracles sont rares mais de plus en plus de start-up ambitieuses se lancent dans leur développement, puis leur mise en place. C’est le cas de cette entreprise française que nous souhaitions vous présenter à travers cet article : Urban Canopée. Portée par l’ambition de permettre le rafraîchissement viable des villes existantes à travers le végétal, la start-up intègre un aspect connecté à son concept qui est le suivant : Développer le mobilier urbain végétalisé constitué de structures esthétiques en matériaux composites sur lesquelles pourront se développer et grandir des plantes grimpantes. Mais l’innovation du dispositif ne s’arrête pas là. Équipé d’un capteur, celui-ci est capable, grâce à une réserve d’eau, d’assurer lui-même son irrigation pour une gestion optimale du cycle de l’eau. Une solution efficace, hybride et made in France pour améliorer la résilience des villes et offrir davantage d’espaces de fraîcheur à des coûts réduits. Cette végétalisation contrôlée de la ville, si sa mise en place venait à être généralisée, permettra de réduire de 2 à 4°C la température ambiante de nos zones urbaines, selon le CEO d’Urban Canopée.
Image d'une ville derrière un buisson
Le rôle essentiel des promoteurs immobiliers
Si les pouvoirs publics ont un rôle évidemment central à jouer dans la diminution des ilots de chaleur, ils partagent cette responsabilité avec de nombreux acteurs dont les promoteurs immobiliers. Adapter les logements d’aujourd’hui et de demain à cette problématique est essentiel. Ainsi, Belin Promotion généralise de plus en plus la présence d’espaces verts dans chacune de ses résidences, comme pour le programme Komorébi à Talence qui offre un cadre de vie idéal à ses habitants. L’intégration de jardins privatifs au rez-de-chaussée est quasiment devenue une norme chez Belin Promotion avec en guise d’exemple la résidence Grand'Air au coeur du quartier Croix Daurade. Ces espaces proposent des surfaces de vie privilégiées aux résidents tout en végétalisant et rafraîchissant au près les logements.
La problématique du réchauffement climatique impose des défis et des enjeux à bien plus large échelle que celle des simples notions de ville et d’habitabilité. Mais compte tenu de la proportion mondiale des zones urbaines, les conséquences de l’augmentation des températures impactent et impacteront plus rapidement la vie citadine. Si la ville souhaite continuer à représenter une alternative crédible à une vie heureuse et agréable, elle se doit de composer avec une nouvelle donne, celle d’un réchauffement urbain déjà enclenché et face auquel des solutions existent déjà. Mais comme pour beaucoup d’autres sujets, les meilleures idées sont celles qui restent à trouver, à conceptualiser et à mettre en oeuvre, au plus vite. Pour cela, les promoteurs immobiliers ont un rôle à jouer au même titre que les pouvoirs publics, sans pour autant perdre de vue qu’il ne s’agit, ici, que de pansements à une problématique beaucoup plus large qui se complexifie de jour en jour.